Sujet : marketing et qualité
Je poursuis ici la discussion entamée là-bas
On a déjà eu une discussion sur "volumes de production / qualité"
Je pense que la question de la relation entre marketing et qualité est comparable.
Il est techniquement possible de produire une bonne bière en quantité importante (ex : Chimay) la vraie question est qu'il faut la vendre, donc trouver un public qui achète la bière.
L'acte d'achat sera motivé par :
- les goûts ou envies du consommateur
- l'nformation du consommateur sur l'adéquation du produit à ses goûts ou envies
- la disponibilité du produit
Le rapport entre les trois critères sera différent selon non pas la quantitéproduite, mais le nombre de consommateurs. Les deux sont reliés mais l'importance du critère "nombre de consommateurs" vient de ce qu'un panel étroit recherchera une caratéristique particulière du produit, alors qu'un panel large achétera ce qu'on le conditionne à acheter.
Donc en gros, un consommateur de pils ou lager standard achètera celle parce qu'il a leurs noms et images en tête, et le produit ne doit surtout pas le faire se poser de question, le produit doit être très standardisé, le consommateur doit être rassuré.
Venons en au coeur du problème, un marketing offensif peut cibler non pas la quantité sur tout le marché, mais une niche sur un segment de marché.
Exemples :
- la Blanche de Ré pour les Bobos charentais (d'adoption, voire plutôt de passage)
- la Mystick pour les cannabophiles
- l'Alsacienne sans culotte pour les bédéphiles lubriques
- la Westvleteren pour les amateurs de bières rares (bon je sais il y en a un qui va se fâcher, et je concède que c'est de la provoc')
- les bières étiquette (Duc d'Havré pour les Tourquennois)
5 bières que je ne connais pas.
Bon mais encore ?
On a réussi à amener un certain nombre de personnes à acheter notre bière pour la première fois, et après ? Il faut valoriser leur choix, leur acte d'achat. Ils ont été acteurs dans la décision d'acheter et ils doivent en être satisfaits pour d'une part être fidélisés, et d'autre part devenir des prescripteurs.
Pour valoriser ce choix, pas d'autre solution que de donner une identité forte au produit. Mais le support identitaire n'est pas forcément le produit lui-même.
Quand l'identité vient uniquement de l'étiquette, sans faire appel à une culture biérophile, il est clair que nous serons en présence d'une bière qui doit être "consensuelle" en tant que produit (il est secondaire ; si je n'achète une Blanche de Ré que parce que je suis sur place, ou une Duc d'Havré parce que je suis à Tourcoing, il est statitiquement évident que je ne m'intéresse pas à la bière en tant que produit de subtiles dégustations).
Si la niche est très typée (mon exemple du marketing "rebelle" sur la Mystick), le produit devra ici être lui-même typé. Il devra avoir du caractère. Ensuite on aime ou pas, chacun ses goûts (il y en a bien qui n'aiment pas l'Orval )
Là j'aurais la curiosité de goûter.
Enfin catégorie à part, des bières à marketing étiquette qui font malgré tout référence la culture bière, et là je pense à l'ASC (toujours pas de nouvelles de lui au fait...). On a une référence à une région et à une culture brassicoles, la gaudriole en plus.
Là encore j'aurais la curiosité de goûter, surtout parce que l'élargissement de la gamme montre qu'on doit y trouver des produits avec descaractères différents, donc avec du caractère.
Donc pour moi, marketing de masse et marketing attrappe-couillons riment avec standardisation et médiocrité, ce qui n'est pas le cas de marketings ciblés, qui peuvent d'ailleurs traduire l'originalité du pructeur que l'on a des chances de retrouver dans le produit..