Sujet : conditionnements écolo ?
lien vers "slate"
où l'on peut lre ceci :
... Brendan I. Koerner a comparé les avantages écologiques de la bière en bouteille et en canette. Voici ses conclusions; elles proposent une alternative encore meilleure pour la planète.
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Difficile de répondre à cette question sans savoir à quelle distance vous vivez de votre brasserie préférée et si elle favorise l'utilisation de matériaux recyclés. Si la boisson maltée sur laquelle vous avez jeté votre dévolu est produite près de votre domicile, et que votre ville a mis en œuvre une rigoureuse politique de recyclage, mieux vaut choisir les bouteilles en verre. Mais si vous préférez les liquides brassés loin de chez vous par une entreprise un tant soit peu écocitoyenne, le choix des canettes en alu est plus raisonnable.Dans tous les cas, de la mine au quai de chargement de votre brasserie, la bouteille de bière est la grande gagnante. En effet, l'aluminium est fabriqué à partir de bauxite, un minéral qui requiert d'importants travaux d'extraction. Les Etats-Unis importent la quasi-totalité de leur bauxite de pays comme l'Australie, la Guinée ou la Jamaïque, où l'exploitation minière ont suscité des controverses liées à l'environnement. En revanche, le verre est fabriqué à base de silice (ou oxyde de silicium), un composé chimique bien plus accessible. A cause de l'impact écologique de l'exploitation de bauxite, pour faire 300 grammes d'aluminium, il faut deux fois plus d'énergie que pour fabriquer une bouteille en verre de taille équivalente: 2,07 kilowattheure d'électricité pour une canette contre 1,09 kilowattheure pour une bouteille.
Mais dans ces chiffres, on part du principe que les matériaux utilisés dans ces conditionnements sont à 100% vierges. C'est-à-dire complètement exempts de matériaux recyclés. Une canette de bière classique contient 40% d'aluminium recyclé, tandis que les bouteilles de bière américaines sont généralement composées de 20 à 30 % de verre recyclé. Mais les économies d'énergie qu'on accumule en recyclant une tonne d'aluminium sont bien plus importantes que dans le cas du verre: 96% contre seulement 26%. Du coup, si votre bar à bières utilise des canettes qui contiennent beaucoup d'aluminium récupéré, le danger écologique de la bouteille est sensiblement écarté.
Ce danger disparaît complètement si votre bière est acheminée par camion à travers le pays. Sans sa charge liquide, une canette moyenne pèse moins de 30 grammes. La bouteille, elle, atteint les 170 grammes. Cet écart de poids fait une vraie différence en termes d'émissions globales de gaz à effet de serre, puisque les produits plus lourds nécessitent plus de carburant pour leur transport. Selon cet intéressant calcul détaillé, qui repose sur des données de transport compilées par l'institut allemand Wuppertal, lorsqu'on tient compte du voyage d'un camion qui traverse le pays, une bouteille de bière rejette 20% de gaz à effet de serre de plus qu'une canette. (Dans cet exemple, on admet qu'une canette est fabriquée avec 100 % d'aluminium vierge; le contenu recyclé de la bouteille de verre n'est pas précisé, mais l'énergie nécessaire à l'extraction de la silice est incluse dans le calcul).
Vous pouvez omettre cet aspect environnemental de l'équation en buvant des bières produites dans des fabriques proches de chez vous. Et rien ne vous empêche de vous renseigner sur l'origine de leurs conditionnements. Hélas, il est plus que courant que des canettes et bouteilles vides fassent des centaines de kilomètres entre leur site de fabrication et l'usine d'embouteillage.
Indépendamment de la longueur du trajet, les canettes en aluminium ont de la chance: elles ont une vie après la fête! C'est en partie parce que les consommateurs croient trop souvent que les bouteilles se biodégraderont dans les sites d'enfouissement des déchets, si bien qu'ils les jettent dans leur poubelle à ordures ménagères [non recyclables]. Mais il existe également une faible demande pour le verre qui fait l'objet d'un tri. Si les fabricants de voitures, entre autres, adorent l'aluminium, 90 % du verre recyclé fini simplement par rentrer dans la composition de bouteilles et récipients similaires. Les entreprises de tri séparent généralement les bouteilles marron, vertes et de couleur claire avant leur traitement, un effort compliqué et coûteux. Se débarrasser du verre de couleur verte consomme beaucoup d'énergie (c'est surtout à cause des métaux - comme le fer et le cuivre - qui servent à le teinter). D'autre part, le marché du recyclage de ces produits est négligeable. De sorte que beaucoup de villes ne se donnent pas la peine de recycler vos bouteilles de Heineken vides.
Les bouteilles en verre seraient plus écologiques si, une fois leur contenu vidé, on pouvait les remplir de nouveau, comme c'est le cas dans certains pays d'Europe et au Canada. Certes, le transport en camion pour rapporter les bouteilles à la brasserie engendre des coûts énergétiques. Néanmoins, selon une étude commandée par la Commission européenne (2001), les récipients «re-remplis» sont largement plus écologiques que les bouteilles et canettes à usage unique. En effet, si on considère qu'une bouteille remplie à nouveau est utilisée 20 fois, et que les bouteilles en verre utilisées pendant ce temps sont recyclées à un taux de 42 %, la bouteille re-remplie l'emporterait sur les solutions jetables, à condition que la distance entre la brasserie et le débit de boisson de proximité est inférieure à 4.197 kilomètres. (Par ailleurs, et beaucoup de professionnels de la boisson le soulignent, les bouteilles re-remplies serait encore plus écologiques si elles était fabriquées avec du polyéthylène téréphtalate à la place du verre.)
En attendant (peut-être éternellement) que les brasseurs adoptent massivement les bouteilles «re-remplissables», pourquoi ne pas se commander une bonne pression? La bière à la pression est le meilleur moyen de boire en respectant l'environnement. Les fûts peuvent en effet durer entre 15 et 20 ans. On ne peut pas nier qu'ils sont lourds, mais le rapport entre la taille de ce conditionnement et la quantité servie fait qu'ils restent moins lourds que des bouteilles de verre. En admettant un poids de 13,4 kilos à vide, un fût d'un peu moins de 59 litres équivaut à 81,65 grammes de conditionnement par bière de 340 grammes.
Avant de prendre une grosse cuite, réfléchissez aussi à la façon dont votre bière est produite. Son brassage nécessite une quantité d'énergie considérable, en particulier pendant l'étape d'ébullition du moût. Les brasseurs ont commencé à prendre des mesures pour réduire leur impact écologique: la brasserie new-yorkaise Brooklyn Brewery, par exemple, utilise de l'énergie éolienne pour toutes ses opérations.
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Brendan I. Koerner
Le "calcul détaillé" (en anglais) est ici : http://www.triplepundit.com/pages/bottles-and-can.php
Mon commentaire pour ouvrir la discussion : vive la consigne et la proximité de la Belgique !