La Brasserie des Savoirs

La Brasserie des savoirs, un lieu de mémoire vivant

La bière et tout ce qui l'entoure font partie de la culture flamande et plus largement de la culture des habitants du Nord/Pas-de-Calais. Et pourtant aucun musée brassicole n'existe dans notre région.
Un comble ! Édouard Liagre, président de l'association des Voltigeurs du Malt de Boeschèpe et Éric Coppenolle, membre de cette même association, comptent bien remédier à ce manque. "Depuis 1980, une dizaine de tentatives de créations de musée de la bière a échoué...", souligne Édouard Liagre. Le projet est un peu fou mais tellement séduisant.
Les deux hommes, brasseurs amateurs et passionnés, ont décidé de consacrer neuf mois de leur vie à la création d'une "structure de valorisation du patrimoine brassicole". "Le patrimoine bâti, les houblonnières, les métiers brassicoles..., tout cela disparaîtra si on n'y prend pas garde", insiste Édouard Liagre. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 256 brasseries en Flandre en 1910, 1 seule en 1996, 5 en 2010 ; 1 500 hectares de houblon cultivés en Flandre en 1930, 30 hectares en 2010. "Toute une activité économique a disparu après les deux guerres. Dans chaque village, il existait une brasserie. je trouve dommage que les jeunes l'ignorent", poursuit Édouard Liagre.

Tant qu'il est
encore temps
Forts de ce constat, Édouard Liagre et Éric Coppenolle décident d'aller au bout de leur rêve et de créer non pas un musée mais une Brasserie des savoirs. "Nous sommes en train de réfléchir au concept. Ce ne sera pas un musée, pas quelque chose de figé. Nous allons travaillé sur l'interactivité. Il faut faire appel aux personnes ressources tant qu'elles sont encore là", précise Édouard Liagre. Lors des fêtes de l'Hommelpap, les aînés se souviennent des gestes qu'ils ont fait dans leur enfance ou de ceux que leurs parents exécutaient, mais après... Les porteurs de ce projet intéressant souhaitent travailler dans la complémentarité avec le musée qui existe déjà de l'autre côté de la frontière, en Belgique, mais aussi avec les brasseries qui ouvrent leurs portes aux visiteurs car ils s'inscrivent dans une démarche d'économie sociale et solidaire. De même, ils ne veulent pas construire leur projet sur un budget de fonctionnement qui dépendrait de fonds publics. "Nous voulons développer une activité économique qui serait créatrice d'emplois", affirment-ils. C'est un grand défi, ils le reconnaissent. Aujourd'hui en reprise d'études tous les deux, ils consacrent leur temps et leur mémoire de master à ce projet dans l'espoir de voir se concrétiser cette Brasserie des savoirs d'ici un an et demi à deux ans. Une association, La Brasserie des savoirs, vient d'être créée pour porter le projet. Une quinzaine de personnes en sont membres, dont la brasserie du Caou de Merville et la brasserie du Pays flamand de Blaringhem, les Amis de la bière et les Voltigeurs du Malt.

De la culture
à la production
Où comptent-ils s'implanter ? La question reste sans réponse tant il est difficile de trouver un lieu adéquat. "L'idéal serait un bâtiment de 600 m², haut de plafond, avec du terrain", indiquent les deux hommes. "Pourquoi pas une ancienne brasserie, un bâtiment qui aurait une histoire, mais c'est difficile à trouver d'autant que nous n'avons pas de fonds propres pour le moment", poursuit Édouard Liagre. Pourquoi tant de terrain ? "Nous voudrions planter une houblonnière avec dix sortes de houblon, puis du malt, de l'orge, du blé... pour représenter toute la chaîne de production et tous les métiers qui y sont liés", répondent-ils. Les deux hommes qui comptent brasser sur place souhaitent faire de cette Brasserie des savoirs, un lieu de mémoire vivant et pédagogique.

A. Rohrbach-Minette
Ce projet vous intéresse, vous pouvez contacter Edouard Liagre par mail : e.liagre[AT]laposte.net