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Ghislain De Muynck n'est pas du genre à se mettre en avant dans une interview. Mais il accepte les responsabilités. À 35 ans, après un an et demi comme chef d'atelier aux Papillons Blancs de Lille à Fives, la direction des Ateliers Malécot d'Armentières lui a été proposée et ça lui plaît. Il a toujours cherché à « trouver du sens » à son engagement. Ingénieur chimiste, il choisit, au sortir de l'école, la coopération, à 23 ans - c'était encore du temps du service militaire obligatoire. Il part en Inde dans une organisation non gouvernementale indienne au nord de Calcutta pour « donner du temps, découvrir d'autres choses ». Sa mission est d'organiser une plantation dont les travailleurs sont des personnes en situation de handicap mental. Il apprend à parler le bengali. Une belle expérience. « C'était le fonctionnement d'un ESAT . » Déjà !
De la chimie...
De retour en France, il abandonne bananes, noix de coco, café et thé. Il se pose la question « est-ce que je vais me confronter au milieu de l'entreprise ? ». Il y répond par l'affirmative et accompagne successivement des équipes de production en cosmétique puis en produits isolants, dans deux entreprises, en Normandie et en Picardie. « Dans le milieu de l'entreprise où les valeurs sont celles du milieu économique, je me suis toujours attaché à travailler avec les hommes, à mettre en oeuvre les conditions pour que les gens trouvent du sens à leur trav ail. Donner du sens c'est ça qui permet de faire travailler les gens. » Après quatre ans de cette nouvelle expérience, il choisit le congé parental durant les quatre années suivantes pour se consacrer à ses trois enfants qui ont de 3 à 7 ans aujourd'hui. Durant ce temps, la petite famille vit un moment en Angleterre.
... à la brasserie
« Quand j'ai souhaité reprendre, la réflexion m'a fait dire "chef d'atelier en ESAT". » Voilà un jeune homme déterminé au parcours bien singulier. Il a passé son enfance en région parisienne à Cergy (Val- d'Oise) mais n'est pas très ancré à quelque part, même si ses parents sont Roubaisiens. Aussi quand un poste de chef d'atelier s'offre à Fives, il le prend.
« À la direction de l'ESAT, l'essentiel de mon boulot c'est que les équipes emmenées par des professionnels ne s'essoufflent pas. Il faut des projets et y faire croire », résume Ghislain. Depuis 2008, on développe nos compétences sur des produits vendus à notre marque », en plus des travaux de sous-traitance. Ainsi est née la torréfaction et la distribution du café de Léonce, et, depuis juin 2009, la bière qui porte aussi le prénom du fondateur des Papillons blancs dans les années cinquante, Léonce Malécot.
« Le grand projet c'est d'implanter une brasserie », annonce Ghislain. Jusqu'alors, la bière était fabriquée en Belgique. « J'ai des encadrants formés, dont un qui fait chez lui de la bière en amateur, sourit-il, et on a la place. On finit l'étude économique. » Si le conseil d'administration donne le feu vert dans deux mois, la brasserie pourrait entrer en activité en octobre.