In-Bev rachète Chimay ! donc la Mont des Cats ?

CHIMAY - Le futur mariage du prince de Chimay avec une héritière de la brasserie Interbrew a des conséquences étonnantes : la bière de Chimay passera sous le contrôle du géant brassicole brésilien.
Nous l’annonçons dans notre édition Entre-Sambre-et-Meuse de ce week-end, le prince Philippe de Caraman Chimay convolera le 21 septembre prochain avec Françoise Bautier, une héritière de l’empire brassicole belge Interbrew.

Ces noces se préparent activement, dans le château chimacien, qui subit actuellement de très gros travaux de rénovation. Lors de ce chantier, un document daté de 1854 a été retrouvé, dans l’ancien bureau d’un aïeul du prince. Un manuscrit qui jette un pavé dans les cuves à bière locales. Il y détaille les frais notariaux inhérents à la donation faite, en 1852, d’un lopin de terre du prince à des cisterciens voulant s’établir dans des marécages de Forges. Il s’agit d’une trace de la fondation de l’abbaye, si célèbre par sa bière !

Le prince Philippe y a découvert que les frais n’avaient pas été payés, à l’époque, par des pères qui débutaient leur activité et qui n’avaient donc encore aucun revenu. « Si, pour le 1 du mois d’avril 1855, la somme due n’est pas honorée, vous me verrez dans l’obligation de frapper cet acte de nullité », conclut le notaire à l’époque. Renseignements pris dans les archives de l’étude : la somme n’a jamais été payée ! Le prince chimacien a donc les droits sur l’abbaye. Et sur les cuves !

Son mariage prochain avec cette spécialiste de la brasserie précipite les choses. Le groupe brassicole est derrière la famille princière pour le rachat du matériel, des recettes, des lignes de production et des circuits de distribution. Un maître brasseur brésilien, envoyé par In-Bev, prendra prochainement le contrôle de la brasserie. Il se dit que, bon prince, Philippe de Caraman laissera aux moines la jouissance de l’abbaye mais payera prochainement une épaisse somme, des royalties, pour racheter la marque et poursuivre la production du breuvage à son compte. « Les Pères restent sur place, où je fabrique la bière : la Chimay conservera donc l’appellation de Trappiste », rassure-t-il.

Les religieux, résignés, n’ont pas d’alternative. Mais Chimay est déjà en pleine ébullition à l’annonce de cette nouvelle. « Jamais un cistercien ne faiblit devant la difficulté : nous avons déjà décidé de produire de l’escavêche Trappiste pour conserver une activité », annonce Dom Amand Veilleux, père supérieur de l’abbaye. Il se dit que la richissime Trappe de Scourmont envisage de racheter les droits de pêche sur les Lacs de l’Eau d’Heure à la Wallonie pour assumer une production industrielle de ce plat typiquement chimacien. Une reconversion forcée, qui ne sent pas forcément le vinaigre pour les pères. Il reste une question : sur quelles terres installer les énormes cuves où tremperont les truites après cuisson. « Nous cherchons l’endroit le plus propice. Pourquoi pas vers Pesche, pour se rapprocher de l’autoroute ? Ce que je peux vous assurer, c’est que nous payerons de suite les frais notariaux », promet Dom Amand Veilleux. Pas sûr que les moines, néanmoins, pourront honorer la note en liquide…