La Saison Notre-Dame de l’Emmanuel ne sera pas la 12e trappiste

Le Monastère Notre-Dame de l’Emmanuel a entrepris l’an dernier la production d’une bière qui risque d’être quelque peu déroutante.

Ce Monastère a été fondé en 1958 à Kisanza au Congo par le RP Lambert Vandermeule, accompagné de 5 moines envoyés en Mission par le monastère Saint Benoit d'Achel.

Dans cette contrée très reculée (Y parvenir est aujourd’hui encore un périple digne de RDV en Terre inconnue puisqu’il faut encore 12 heures de vol et de piste après être arrivé à Kinshasa) les missionnaires  ont commencé par construire une mini-centrale hydraulique dans une cascade, afin d’alimenter une pompe puisant dans une  source l’eau potable nécessaire au Monastère et  le village proche.

Dans cette région l’activité première est pastorale, l’élevage du bétail est traditionnellement pratiqué de façon semi sédentaire dans les vastes et arides contrées proches du Monastère. Mais les zones plus humides situées plus en altitude ( rendues célèbre par Dian Fossey et son livre « Gorilles dans la brume ») sont peu à peu  défrichées et gagnées à la culture, principalement d’une variété d’orge à 2 rangs introduite depuis les hauts plateaux tanzaniens.

Dans cet environnement le Monastère compte aujourd’hui 35 moines, venant pour la plupart des alentours, mais aussi d’autres provinces du Congo.

En 2008, une délégation du Monastère Saint Benoit d’Achel a été accueillie au Monastère Notre-Dame de l’Emmanuel et a pu constater d’une part la pureté exceptionnelle de l’eau de source dans cette région exempte de toute pollution, et d’autre part la difficulté d’assurer une continuité sanitaire dans sa distribution et son utilisation. 

Or, la délégation belge comptait parmi ses rangs le Révérend Père Haperiel de Vis, Premier Brasseur de la Brasserie Trappiste d’Achel, qui a immédiatement compris qu’avec cette eau et cette orge, il devait être possible de produire une bière. Manquait juste un houblon cultivable sur place (à cause des difficultés de transport)  pour apporter à cette bière les qualités antibactériennes recherchées.   
Aussitôt avait-il évoqué cette difficulté à trouver un tel houblon cultivable en Afrique qu’on lui rapporta qu’il en était cultivé au Kenya, dans des conditions climatiques proches de celles de l’orge tanzanienne.

Les premiers essais culturaux furent les bons. Aussitôt une micro brasserie  solaire a été montée grâce au Monastère Saint Benoit et à l’association La Goutte d’Eau. La « Saison Notre-Dame de l’Emmanuel » est ainsi née comme la plus atypique des bières trappistes. Très peu maltée et  rallongée à l’eau de source, elle ne titre finalement qu’à 2,7% alc/vol. Elle est en revanche fortement marquée par un houblon kényan très astringent et amérisant.

Elle n’est pas destinée à être commercialisée et ne sera donc pas vraiment la 12e trappiste, mais une soirée vente-dégustation unique est organisée ce mardi à la boutique de la brasserie Saint-Benoit d’Achel pour célébrer cette belle aventure.