Sujet : Un peu d'histoire brassicole dans la Voix du Nord du 28 juillet 2008..
La cheminée de l’ancienne brasserie La Cambrésienne n’est plus
Elles s’appelaient « Aux Orphelins », « du Fond Saint-Georges » ou encore « du Paon »... Avant la Première Guerre mondiale, l’arrondissement comptait plus de 240 brasseries dont une trentaine rien qu’à Cambrai. Le dernier symbole de La Cambrésienne, rue de la Citadelle, vient de disparaître du paysage. La cheminée de la malterie, haute de près de 30 mètres, est tombée hier.
Le propriétaire de l’immeuble a hésité un temps avant de décider de démolir. La restauration était trop coûteuse.
Il n’aura fallu que deux jours aux hommes de la société de démolition pour venir à bout des trente mètres de briques de la cheminée de l’ancienne brasserie-malterie La Cambrésienne, située rue de la Citadelle, près du jardin public. Avec elle disparaît le souvenir d’une époque où le commerce et l’industrie du Cambrésis rayonnaient sur tout le département, et s’agissant des brasseries tout particulièrement, puisque l’arrondissement se situait en troisième position, au rang des producteurs de bière du Nord. C’était au début du XXe siècle.
Si on en croit les ouvrages réalisés sur le sujet par quelques Cambrésiens férus d’histoire, les brasseries font leur apparition vers 1122. On ne parle pas encore de bière mais de « goudale » et de « goudaliers ». Ce n’est qu’en 1435 qu’apparaît définitivement le mot « bière ».
Avant la Révolution, en 1789, on dénombre 172 brasseries implantées dans 90 communes de l’arrondissement 27 fonctionnent dans les différents quartiers de Cambrai. La brasserie de la rue de la Citadelle devient La Cambrésienne en 1920. Et nombreux sont les amateurs de laBlanche de Cambrai, « bière bourgeoise réputée alors pour être la meilleure du Nord », peut-on lire dans un autre ouvrage consacré au commerce et à l’industrie du Cambrésis de 1900 à 2002.
Les plus nostalgiques penseront qu’avec cette disparition, c’est une page de l’histoire locale qui se tourne. Mais le bâtiment qui sera prochainement entièrement rénové accueillera (d’ici 2009) une série d’appartements de standing. La société immobilière en charge du projet a assuré que le style, et tout particulièrement celui de la façade, serait sauvegardé. Une autre histoire
Une nouvelle vie en perspective donc pour le bâtiment de la rue de la Citadelle qui semble avoir traversé les âges sans pourtant trop de dommages. En effet, avant d’être transformé en brasserie, c’est un hôpital, celui de Saint-Jacques au bois, qui accueillait les malades. Et avant cela encore, était installé là (au XIIe siècle), le couvent des Soeurs-Noires de Mons qui accueillait les pèlerins... Voilà un bâtiment qui n’a pas fini de faire parler de lui. En effet, s’agissant des chemins de Saint-Jacques de Compostelle (La Voix du dimanche 13 juillet), des découvertes historiques récentes devraient permettre de préciser encore l’histoire de cet immeuble. Mais ça, c’est une autre histoire.Valérie Lancel
Pour en savoir plus :
Mémoires de la Société d’Émulation, tome 52 (article du Dr Coulon)
Les Brasseries du Cambrésis, tome 1 (Paul Dégremont)
Le Cambrésis de 1900 à 2002 : Son industrie, son commerce (Maurice Leclercq)
Je suis toujours triste quand des bâtiments s'écroulent...