Sujet : Modernisation du brassage de l'Orval

L'activité industrielle de la brasserie de l'abbaye d'Orval, à la frontière belge, contraste avec le calme de l'enceinte monastique. Comme le lieu de vie des moines, elle est fermée au public. 53.000 hectolitres de bière sont brassés chaque année à l'abbaye d'Orval. Rien à voir avec les millions d'hectolitres produits par les grands groupes internationaux.

Mais contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, le temps ne s'est pas arrêté dans cette brasserie, fidèle à l'économie monastique. Si le bâtiment date de 1931, la chaîne de fabrication est des plus modernes. Carrelages aux murs et cuves en inox : le seul signe rappelant l'origine de la bière est le symbole de l'anneau d'or de la comtesse Mathilde repêché par une truite, selon la légende datant de 1076, devenu l'emblème de l'abbaye.

Deux mois de fabrication
La modernisation du processus de fabrication a permis d'augmenter la production de presque 10.000 hectolitres entre 1990 et 2006. Depuis les années 90, l'Orval reste pourtant constamment en rupture de stock. Il faut dire que la bière d'Orval a la particularité de requérir un temps de fabrication très long : plus de deux mois. Quatre à cinq semaines sont nécessaires, rien que pour l'étape de fermentation.

Cette boisson (à consommer avec modération) est une entité commerciale indépendante. Enfin presque car des revenus sont reversés à la communauté monastique qui compte aujourd'hui moins de 20 moines, pour l'utilisation de la marque. Des royalties sont calculées au prorata du volume produit. Outre l'entretien du bâtiment, cette somme est employée à l'aide sociale, tel un refuge de femmes battues. Encore un point commun à toutes les bières trappistes.

Choix éthique
Les moines sont en charge de la gestion, mais aucun n'a jamais pris part à la fabrication. De même, la communauté a choisi de ne jamais faire apparaître un moine sur une publicité. Question d'éthique.
Justement, commercialiser de l'alcool, n'est-ce pas contraire à l'éthique pour des religieux ? Non, selon frère Xavier, administrateur de la brasserie, la fabrication de la bière fait partie de la tradition belge.
« En milieu cistercien, la fabrication de la bière remonte à des origines lointaines » indique frère Xavier. A Orval, la recette actuelle a été créée en 1931.

Une recette particulière, qui comporte beaucoup de houblon, ce qui donne une bière amère. L'orge provient de France, puis il est transformé en Belgique alors que le houblon, lui, arrive de Slovénie, et depuis peu de Californie.
L'Orval fait 6,2 degrés d'alcool, alors que certaines autres bières trappistes peuvent atteindre 10 ou 11 degrés.
Et si les moines en consomment quotidiennement, leur « cuvée » a la particularité de ne faire que deux degrés.

Source : L'Aisne Nouvelle