Sujet : La reconnaissance passe-t-elle par l'expertise ?
La bière aussi a ses sommeliers
La bière se prend de plus en plus au sérieux : aux Etats-Unis et en Angleterre des académies spécialisées produisent à tour de bras des experts es bière, véritables sommeliers pouvant conseiller d'associer une ale avec tel ou tel plat, à la manière du vin.
Les restaurants ne proposant que deux ou trois types de bières risquent bien vite de paraître "has been", selon un article publié la semaine dernière par Slate.com intitulé “Pourquoi la bière mérite le même type d'expertise que le vin”.Avec le nombre croissant de brasseurs artisanaux, on a parfois besoin d'en référer à un spécialiste du houblon afin de décrypter les cartes des bières, un expert pouvant expliquer les différences de goût, de style, d'arômes et de producteurs, comme pour le vin.
C'est pour cela que des écoles comme celle de Cicerone aux Etats-Unis et la Beer Academy britannique ont vu le jour.
Cicerone se présente comme un programme diplômant des sommeliers en bière présidé par un expert es bière, Ray Daniels, auteur et président du Craft Beer Institute.
Le mois dernier, son programme a décerné son 8.000e diplôme de serveur de bières depuis sa création en 2008.
Il dispense un enseignement allant de la garde des bouteilles, à leur service, en passant par les différents styles de bières, les différences culturelles, le processus de brassage et les ingrédients composant cette boisson fermentée.Le programme propose trois niveaux de diplômes différents, celui de Certified Beer Server (Serveur de bière certifié), Certified Cicerone (Guide certifié) et Master Cicerone (Maître guide) qui n'a été attribué qu'à trois personnes à ce jour, selon Slate.com.
Pendant ce temps, la Beer Academy britannique a nommé ses quatre premiers sommeliers en bière issus de l'école, décrits comme étant "à la pointe de la renaissance de la bière."
“La bière est la boisson britannique nationale elle a été considérée pendant de trop longues années comme une boisson moins sophistiquée que le vin. Ce n'est plus le cas,” a expliqué le directeur de l'académie Simon Jackson dans un communiqué. “Nous assistons à un retour à l'artisanat au Royaume-Uni avec l'ouverture de centaines de nouvelles brasseries ces dix dernières années. De plus, un nombre croissant de pubs, de restaurants et d'hôtels proposent une vaste sélection de bières pour accompagner leurs menus.”
La publication de The Oxford Companion to Beer cet automne a aussi élevé la bière à un rang de sophistication dont ne jouissait à ce jour que l'industrie viticole.
C'est le premier guide de référence des amateurs de bière qui renseigne à la fois sur l'histoire et la portée de ce breuvage. C'est une véritable encyclopédie de la bière qui présente 1.100 types de mousses différentes, rédigée par 166 experts en la matière en provenance du monde entier.
Alors "biérologue", biérophile" et une évolution vers le "sommelier de la bière" enfin reconnu ?
J'avoue que le mot sommelier me fait penser immédiatement au vin.
"Le métier de sommelier consiste en la maîtrise de l’art d’accorder vins et mets. Cela implique donc une grande connaissance du vin : de son élaboration, de son évolution et de son vieillissement."
Va-t-on encore devoir emprunter une terminologie inscrite dans la culture du vin ?
"Le millésime", les bouteilles numérotées, "la bière brut" mais aussi l'habillage, le verre tout en finesse, le vieillissement en "barrique" ayant contenut du vin, le degré d'alcool, etc.
La bière s'embourgoise (ou se snobifie), indéniablement elle se prend au sérieux : son prix, sa présentation.
Elle devient gastronomique : l'accord "bières et plats" se développe et on peut sereinement commencer à manger du fromage en dégustant une bière sans se faire montrer du doigt...
Y perdra-elle ses côtés "rock'n roll", "populaire" et "convivial" ?
En tout cas, en ce début de siècle, la bière a chaud, elle attrape des couleurs et se glorifie au firmament du ciel étoilé !
Et ce ne sont pas les "Saint Arnoul(t)d" qui diront le contraire !