1er décembre, ça commence bien !
J'ouvre le frigo...
Elle m'a emballé la bouteille !!!!
Mais déjà je vois la capsule Lepers, donc je sais, et je souris.
Intérieurement, extérieurement je souris.
Je sais.
C'est vraiment drôle de commencer par celle-ci. Là, ça va planter le décor, ma façon de raconter ces bières, genre le souvenir des moments marquants à la fin de Koh-Lantah.
Cette bière a une histoire qui se confond avec la mienne.
Beaucoup de gens me disent "avec ce que tu sais sur la bière, comment tu aimes la bière, tu devrais en brasser toi-même"
Je réponds invariablement "j'aime bien la musique aussi, la littérature et la musique aussi, et je ne fais pas à ces nobles arts l'affront de leur apporter ma pitoyable obole". (et le rugby je n'en parle même pas )
J'aime la bière pour la bière, mais aussi et surtout pour ces instants privilégiés, je me rappelle de chacun, où je rencontre, où je partage, où je sublime avec ces artisans et ces amateurs qui sont imprégnés de la noblesse et de l'excellence de ce que j'ai peine à n'appeler qu'un "produit".
Le Graal c'est ça, ce n'est pas une "quelconque tuerie" qui perdra le jeu de trônes un peu plus tard au profit d'un autre produit encore plus percutant. Le Graal ce sont ces instants où l'instant n'existe plus, où le temps s'arrête. Une dégustation, de bière finie ou de projet, chez un brasseur ou dans un festival, des petits cadeaux entre amateurs, des discussions à n'en plus finir devant une "tour de Pise" de gobelets Bavik, pourtant un soir de défaite au Rugby, la route jusqu'au Borefts, tous ces instants uniques (j'adore ce pluriel !!!).
Ce Graal ne n'ai pas envie de le salir en entrant "in machina". J'en profite, je m'en délecte, mais ce statut, pas Deus mais spectateur privilégié, me convient bien. Et ça fait une dizaine d'années que j'en profite à fond !
Pas de risque en fait.
Et puis mon compagnon dans cette quête hédoniste s'y est mis, il a plongé.
Gautier, qui très en marge de son job a créé ce forum par pure passion, qui m'a donné comme à beaucoup d'autres l'occasion de structurer et de sublimer ma passion, de multiplier les "instants-Graal" a un jour franchi le pas.
D'abord en créant non pas son festival, mais celui de son village, de ses Flandres houblonneuses.
Ensuite en créant, chez l'un de ces brasseurs artisanaux qu'il apprécie tant lui aussi, une première bière associative, à cahier des charges très consensuel
Puis une autre.
Et puis celle que ma tendra aimée m'a choisie pour débuter cet avant. Une bière "d'inspiration trappiste" que j'ai dégustée pour la première fois l'an dernier. Sans être convaincu, les conditions de tirage donnaient une "effervescence" excessive, ça remplissait la bouche avec excès et ça tuait toute subtilité.
Quand Gautier m'avait demandé si je voulais être modo sur ce forum, j'ai seulement demandé si je pouvais continuer à dire ce que je pense. En fait, là c'est le jeu de la vérité, je ne dis pas toujours ce que je pense. Je ne mens pas mais j'ai parfois de pieuses omissions. Quand je ne parle pas d'une bière que j'ai goûtée, parfois c'est que je n'ai pas eu le temps et que le moment est passé, mais parfois aussi c'est parce que je n'estime pas utile, si elle n'est que personnelle, de faire publiquement état d'une opinion qui pourrait être préjudiciable à l'un ou l'autre de ces magiciens-brasseurs.
Concernant la Lupul'in De Katsbier quadruple, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, j'ai exprimé ma déception à Gautier, tant directement qu'en public sur ce forum. J'ai perçu une réelle incompréhension de sa part. Pas une vexation ou une déception, vraiment une incompréhension.
Et puis, et puis (il y a Frida...) Et puis le temps passe, sa bière ne se trouve pas partout, il n'a jamais eu l'occasion de me la refaire goûter, jusqu'à après la dernière soirée de présentation des bières de Noël, où il en avait dans le coffre de sa Katsmobile.
Là on se rappelle qu'une bière un peu complexe est si souvent meilleure en bouteille, et l'instant-Graal c'est :
(*) c'est bon ça Coco !
Tout ce que j'aime : torréfaction, houblonnage, longueur, complexité.
J'aime bien des bières qui claquent, qui t'envoient un direct au menton, un uppercut au foie, mais si un jour je devais faire une bière (et ça y est, voilà que je fais comme si ce n'était pas envisageable !!!) c'est un truc aussi subtil et aussi équilibré que ça que j'aimerais faire.
Bien sûr on voit ce qui l'a inspiré, lui qui allait déjà à St Sixte quand le mode de sélection n'était que la capacité à supporter l'attente dans DonkerStraat, mais il n'a pas singé, il a utilisé ce cadre de figures imposées pour exprimer ce qui lui est propre.
Je vais probablement remercier beaucoup de monde, et je pense deviner ce que mon bébé m'a choisi pour le 24, mais elle ne pouvait mieux choisir pour commencer.
Merci Gautier, pour la Katsbier quadruple, et pour le reste.
il fait beau