Sujet : Petit panorama trappiste
J'organisais ce soir une petite soirée entre amis avec l'objectif de respecter un thème convenu à l'avance (je n'ai pas l'habitude des thèmes pour les soirées dégustation, mais je referai, je pense que tout le monde a apprécié l'expérience). Ce fut aussi plaisant qu'instructif, donc je vous en livre un petit résumé.
L'idée était de parcourir le monde des Trappistes (on n'était 5, on n'a pas tout à fait, ni Orval, no Achel, ni Trappe ce soir, donc !), avec quelques questions simples posées aux convives :
La bière des moines vaut-elle la bière du commerce, ou plus précisément, la Westmalle Extra vaut-elle la Westmalle triple ou la Westmalle double ?
La réponse a été unanime, la Westmalle Extra a été la plus appréciée des 3 ! Impossible de se douter qu'elle ne fait que 4%, comparée à une triple à 9% ! La plus aromatique des 3, avec énormément de corps pour si peu d'alcool, un peu plus foncée que la triple, mais pas dans le même registre que la double, on retrouve un côté sucré / cassonade qui rappelle la mélasse, la réglisse de la double, qui a elle aussi beaucoup plu !
La Mont-des-Cats est est-elle une Chimay déguisée ?
Mon objectif était de la faire comparer à une Chimay rouge. J'ai laissé une porte de sortie en sortant aussi une Chimay triple. Ce fut une erreur, car unanimement encore, la Chimay triple a été préférée aux deux autres. La familiarité entre la Chimay rouge et la Mont-des-Cats a été notée mais la Monts-des-Cats a été jugée un peu plus équilibrée que la Chimay rouge, jugée parent pauvre de la soirée car un peu "flotteuse".
La Trappiste, c'est comme le bon vin, ça se bonifie avec le temps, ou dégustation comparée d'une Westvleteren 8 de 6 mois et d'une Westvleteren 8 de 8 ans (2004).
Florilèges des commentaires : "P*t**n !" "Et Dieu créa la Bière" "Once upon a Trappe !"... On a failli oublier qu'il y avait une Westvleteren 8 de l'année d'ouverte. J'ai rarement bu quelque chose d'aussi bon que cette Westvleteren de 2004, d'une profondeur, d'une complexité incroyable, avec les arômes de chênes, de Porto, de fruits mûrs qui envahissent les sens durablement. A noter que la levure, versée à part, avait acquis un goût de chocolat de Pâques, rond, gourmand, tout-à-fait-de saison. Une expérience inoubliable !
La Rochefort 9, mythe ou réalité ?
La Rochefort 9, késako ? Puristes, je vous préviens tout de suite, vous risquez de crier à l'hérésie ! C'est d'ailleurs ce que j'avais fait lorsqu'on m'avait expliqué le concept, mais qu'à cela ne tienne, qui ne tente rien n'a rien : 3 verres sont nécessaires pour réaliser cette expérience. Dans le premier, versez 2/3 de Rochefort 8, dans le second, versez 2/3 de Rochefort 10, dans le dernier, versez le fond des deux bouteilles ! Vous avez alors devant vous 3 bières différentes : la Rochefort 8, la 9, et la 10 !!
Côté dégustation, on notera des différences notables entre la 8 et la 10 : un nez beaucoup plus puissant pour la 10, certains y ont trouvé outre les fruits noirs et autres fruits macérés, des arômes de poire (ça ne m'avait jamais frappé, mais je suis d'accord avec ce commentaire). La 8 est moins complexe avec un nez moins expressif et une bouche plus ronde, plus axée sur le chocolat. Et la "9" alors ? Eh bien, c'est là que la magie s'opère, un nez très fruité, profond et une bouche beaucoup moins lourde que la 10, la "9" est objectivement peu discernable de la 8 ou la 10 (qui sont pourtant clairement distinguée l'une de l'autre !). Voilà une expérience bien intéressante !
D'un commun accord nous avons zappé l'étape suivante portant sur l'évolution de la Chimay bleue de 2006 à aujourd'hui (ça commençait déjà à bien chauffer), pour terminer pas un nettoyage à la Armand'4 Lente. Mais là, on est hors thème, je vous en parlerai donc ailleurs !